Le compteur Linky n’est pas seulement un « compteur communicant » : il peut aussi devenir une véritable porte d’entrée pour suivre, analyser et optimiser sa production photovoltaïque.
Mais attention : tout dépend du mode de fonctionnement du Linky, du type de contrat de production que vous avez signé, et bien sûr de la manière dont vos panneaux photovoltaïques sont raccordés au réseau.
Dans cet article, on va décortiquer ensemble :
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les deux modes de fonctionnement du Linky,
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les contrats de production (CACSI, CRAE),
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et surtout, comment récupérer les bonnes données selon chaque combinaison (mode Linky / contrat / installation).
Les modes du compteur Linky
Le compteur Linky peut fonctionner selon deux modes de téléinformation :
Le mode historique
C’est le mode qui a remplacé les anciens compteurs électroniques (type électronique bleu).
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Les informations sont limitées.
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La téléinformation ne fournit pas toutes les données nécessaires pour analyser précisément la production ou l’injection.
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Par exemple, pas d’accès à la tension (URMS), ce qui rend impossible un calcul fin de la puissance injectée.
Vous pouvez retrouver toutes les informations du mode historique sur le github du ZLinky
Le mode standard
C’est le nouveau mode du Linky.
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Beaucoup plus riche en données : puissances instantanées, intensités par phase, tensions, énergies cumulées injectées ou soutirées.
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C’est le mode recommandé dès que vous produisez de l’électricité (photovoltaïque).
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Une simple demande auprès de votre fournisseur d’électricité permet généralement de basculer votre compteur en mode standard. (Suivre les étapes)
Vous pouvez retrouver toutes les informations du mode standard sur le github du ZLinky
Les contrats de production : CACSI et CRAE
En France, la possibilité d’injecter (et de vendre) votre surplus d’électricité dépend d’un cadre légal et contractuel.
Le contrat CACSI
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CACSI = Contrat d’Accès et de Consommation Sans Injection
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Vous n’avez pas le droit d’injecter d’électricité sur le réseau. (en réalité, il y a une tolérance mais ça doit rester exceptionnel)
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Toute votre production doit être consommée localement.
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Conséquence : impossible d’avoir un Linky configuré en « mode producteur » standard.
Le contrat CRAE
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CRAE = Contrat de Raccordement, d’Accès et d’Exploitation
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Vous êtes autorisé à injecter de l’électricité sur le réseau.
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C’est le contrat typique quand on revend le surplus ou la totalité de sa production photovoltaïque.
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Dans ce cas, le Linky est configuré comme compteur producteur et vous donne accès à des données détaillées (production et injection).
La spécificité française : on n’injecte pas « librement ». Soit vous avez un contrat CRAE et vous pouvez vendre votre production (totalité ou surplus), soit vous êtes limité à l’autoconsommation sans injection avec un contrat CACSI.
Comment récupérer les données selon votre situation
Passons au concret. Voici ce que vous pouvez exploiter selon votre mode Linky, votre contrat, et votre installation photovoltaïque.
Bien entendu pour récupérer et exploiter les informations du Linky (téléinformation), il vous faudra un ERL comme le ZLinky_TIC et une box domotique compatible ou utiliser le pack LiXee-Box qui permettra de mettre en place une gestion d’énergie de votre habitat.
Cas 1 : Linky en mode standard + contrat CRAE
C’est la configuration idéale pour suivre précisément votre production.
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Le Linky fournit les données essentielles :
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SINSTI : puissance instantanée injectée,
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EAIT : énergie active injectée cumulée.
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Rien qu’avec ces deux données, vous pouvez analyser votre production, détecter les surplus, et même piloter des appareils (chauffe-eau, recharge de véhicule, etc.).
Avec cette configuration, il n’y a pas vraiment d’intérêt à piloter votre énergie si vous revendez toute votre production.
Si votre objectif est la revente du surplus produit et au vue du prix du rachat des kWh (env 0.05 euros), il vous sera alors plus bénéfique d’utiliser les kWh (env 0.15 euro). Dans ce cas, il faudra utiliser les données du Linky pour établir des scénarii.
Cas 2 : Linky en mode standard sans contrat de revente (autoconsommation seule)
Ici, le Linky n’est pas configuré en producteur. Vous n’avez donc pas accès à SINSTI ou EAIT.
Mais il existe une astuce : un mode dégradé pour détecter la surproduction.
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Lorsque vos panneaux produisent plus que la maison ne consomme :
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SINSTS = 0 (puissance apparente soutirée nulle).
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Mais l’intensité IRMS1 (ou IRMS2/3 en triphasé) reste > 0.
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En multipliant IRMS par URMS (tension), vous pouvez estimer la puissance injectée.
⚡ Exemple : IRMS1 × URMS1 ≈ puissance injectée sur la phase.
C’est moins précis que les vraies données producteur, mais suffisant pour :
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détecter un surplus,
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lancer des scénarios domotiques (ex : allumer le chauffe-eau pour absorber l’excédent).
Avantage : avec un simple Linky standard et sans batterie, vous pouvez déjà optimiser votre autoconsommation et améliorer le retour sur investissement de vos panneaux.
Dans cette configuration, il vous sera possible, à l’aide d’un routeur solaire, d’envoyer dans votre chauffe eau le surplus d’énergie produit. A l’aide d’un TRIAC vous transfèrerez au cumulus la puissance (approximative) correspondante au surplus d’énergie.
NB : Si votre production < consommation, vous ne verrez pas la puissance apparente soutirée baisser. C’est uniquement dans le cas ou la production > consommation que la puissance apparente passe à 0.
Cas 3 : Linky en mode historique avec panneaux photovoltaïques
Le plus contraignant.
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Pas d’accès à la tension URMS.
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Vous n’avez que :
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PAPP (puissance apparente),
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IINST (intensité instantanée).
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Résultat : vous pouvez savoir si vous injectez (PAPP = 0 et IINST > 0), mais pas quantifier précisément la puissance envoyée.
Cela permet seulement de déclencher des scénarios simples (allumer/éteindre un appareil), mais pas de réguler précisément la consommation d’un chauffe-eau par exemple.
Conclusion
L’exploitation des données de production du compteur Linky dépend fortement de votre situation :
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Mode standard + CRAE : données complètes et exploitables.
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Mode standard sans contrat de revente : mode dégradé, estimation possible via IRMS et URMS.
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Mode historique : très limité, seulement indicatif.
Enfin, retenez que le contrat CACSI bloque toute possibilité d’utiliser le Linky comme compteur producteur, et que cela n’est pas près d’évoluer.
En résumé : si vous voulez piloter efficacement votre maison grâce à vos panneaux photovoltaïques, le combo gagnant reste Linky en mode standard + contrat CRAE.